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MESMOTSMESMONDES

Istambul 2.

1/27/2012

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Ce qu'il y a de commun entre Istambul et Rhodes, n'en déplaise à Kostas qui m'affirmait qu'Istambul était une ville grecque, ce sont les chats. L'amour pour les chats. Ils sont des dizaines dans les rues, couchés par petits groupes sur leurs territoires, nourris pas les habitants du quartier, gras comme des pachas... 
Pendant ce temps, dans le Bosphore, un tanker échoué couché sur le flanc est tiré par un remorqueur au milieu de dizaines d'autres navires géants à l'ancre.
Au musée archéologique, grand choc esthétique. Le tombeau dit d'Alexandre d'un roi de Sidon nous laisse sans voix. Cette suite de sarcophages d'une intense beauté macabre nous occupe pendant des heures. Sur une tombe de l'époque impériale romaine, une scène à briser le coeur : une femme, probablement la défunte, étreint d'un dernier baiser un angelot, tandis qu'un autre petit Eros, retenu par un compagnon, essaye de rattraper l'âme de la morte s'envolant sous la forme d'un coeur ailé... Sur la gauche, un autre ange s'apprête à jeter une couronne dans le feu, alors qu'un ami s'accroche à lui pour l'en empêcher. Scène déchirante de séparation des amoureux qui n'arrivent pas à se résoudre à se laisser séparer par la mort... 1800 ans plus tard, le message est intacte, et passe : l'amour est une vérité anthropologique. Comme disait Marguerite, oui, le mot amour existe...
Les vestiges de Troie sont l'occasion d'un autre type de tristesse. Hissarlik VII a, comme l'appellent les archéologues, un nom qui me revient de mon passé d'helléniste, la Troie du récit homérique, figure parmi les autres couches archéologiques trouvées à Hissarlik. Neuf ou dix au total, et la strate VIIa n'en est qu'une parmi d'autres. Est-ce que les Allemands qui ont fouillé le site ont emporté les plus beaux vestiges? Ici il ne reste que des morceaux de tesson, des bribes de céramique, des fragments de fibule, à peine de quoi imaginer - le fantôme d'un village anatolien du deuxième millénaire avant J.C...  La salle qui abrite les vestiges mésopotamiens est plus impressionante avec les céramiques vernissées de Babylone.
Istambul est parcourue de citernes souterraines construites à l'époque byzantine. La plus célèbre est la citerne Basilica, construite dans le quartier du Grand palais impérial, à deux pas de Sainte-Sophie, par l'empereur Théodose. Cet empereur fanatique qui ferma les temples païens, interdit le culte des anciens dieux, fit briser les statues profanes, fut le grand fossoyeur de la culture greco-romaine. Il fit transporter à Constantinople tout ce qui lui paraissait "acceptable" (on dirait maintenant "religieusement correct") dans les chef-d'oeuvre de l'antiquité qui avaient résisté au temps. Quelques-uns survécurent jusqu'à la misérable quatrième croisade de 1204, où les croisés, incultes, leur firent un sort - sous la direction de cette infâme république de Venise, marais de marchands mécréants... On peut voir une trace de tout cela dans les citernes, entre autre, à Istanbul. Les magnifiques colonnes de marbre et granit qui soutiennent ses voutes sont les colonnes de ces temples antiques jetés au sol par Théodose. Les plus beaux palais finissent toujours en matériau de fondation pour les édifices grossiers à venir... Quel drôle d'endroit que cette citerne, magnifique tombeau d'une civilisation... Quel cynique architecte a pris le soin, pour une réserve d'eau la plupart du temps inondée, souterraine et donc invisible, de l'orner de si belles colonnes aux chapiteaux si richement décorés... Superbe et affligeant... Tout le quartier historique d'Istanbul invite en permanence à ces douloureuses réflexions, et la beauté y côtoie toujours le signe de sa très prochaine décadence. Les ruines sont une lèpre sur le visage grimaçant des empires.
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Dix-huitième au vingt-et-unième  jours.  Istanbul 1.

1/25/2012

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Il pleut sur Sainte-Sophie. Je suis seul ou presque devant cette chimère. Un vendeur ambulant de châtaignes éclaire inutilement le pavé mouillé. L'appel à la prière des muezzin retentit partout dans l'air : Istanbul est une immense mosquée.
Au-dessus du marché au poisson sur les bord de la mer de Marmara, les mouettes par centaines fond du surplace en piaillant - gare au marchand qui quitterait son stand. Il pleut doucement sur la ville, ses isbas de bois acidulées, ses immeubles art déco, ses ruines et ses palais. C'est la nuit déjà, il fait froid, les collines autour de la ville sont couvertes de neige.
Ici les gens sont différents. Différents de la Grèce voisine, mais aussi différents entre eux, divers. Je respire. J'habite depuis si longtemps en Corée, et passe si peu de temps hors d'Asie, que j'ai du mal à m'habituer à Rhodes, à cette espèce "d'unité ethnique" méditerranéenne... A Paris, je n'ai pas de problème - avec la diversité bigarrée des gens, je ne remarque rien. Istanbul est comme la France, c'est un carrefour, on sent l'Asie des steppes, les rivages cosmopolites d'Anatolie, les tribus sémites, les blonds du Caucase et les Seljuks conquérants...
Ce qui me frappe soudain, c'est l'absence de barbe. Les gens sont rasés, ils ont les joues roses et les yeux en amande comme les Ouzbeks. Et ici, personne ne me parle en turc : on me prend pour un Arabe. Dommage, j'aurais bien aimé être turc.
On n'en finit pas d'être fasciné par Sainte-Sophie. Quels architectes illuminés ont pu accoucher de cette masse à la fois étalée, sans aucun envolée, mais légère, mais gracieuse... Elle est dans un dialogue nocturne fascinant avec la mosquée Bleue de l'autre côté de la place. Je tombe sous le charme.
L'hôtel où je retrouve JY est juste sur le côté de Saint-Sophie. Le quartier est fermé aux voitures, on n'entend que la sonnerie des trams qui remontent la rue depuis le pont Galata. On va prendre un verre sur une des nombreuses terrasses de la ville, au café Pierre Loti - un amoureux de la Sublime Porte. On mange dans le restaurant de l'hôtel réputé pour sa cuisine de cour ottomane. Je me régale d'un kebab d'oie en feuilleté au riz pilaf doux. J'ai quatre jours pour découvrir cet autre monde.
A l'aéroport, au guichet d'informations, la jeune femme avant moi demandait à l'employé comment se rendre au centre-ville. "Ma pauvre dame, Istanbul est grande comme la Belgique, alors de quel centre parlez-vous? Vous pouvez bien imaginer qu'il y en a plus d'un!". Dans cette mégépole de 12 millions d'habitants, je respire enfin.
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