Il pleut sur Sainte-Sophie. Je suis seul ou presque devant cette chimère. Un vendeur ambulant de châtaignes éclaire inutilement le pavé mouillé. L'appel à la prière des muezzin retentit partout dans l'air : Istanbul est une immense mosquée.
Au-dessus du marché au poisson sur les bord de la mer de Marmara, les mouettes par centaines fond du surplace en piaillant - gare au marchand qui quitterait son stand. Il pleut doucement sur la ville, ses isbas de bois acidulées, ses immeubles art déco, ses ruines et ses palais. C'est la nuit déjà, il fait froid, les collines autour de la ville sont couvertes de neige.
Ici les gens sont différents. Différents de la Grèce voisine, mais aussi différents entre eux, divers. Je respire. J'habite depuis si longtemps en Corée, et passe si peu de temps hors d'Asie, que j'ai du mal à m'habituer à Rhodes, à cette espèce "d'unité ethnique" méditerranéenne... A Paris, je n'ai pas de problème - avec la diversité bigarrée des gens, je ne remarque rien. Istanbul est comme la France, c'est un carrefour, on sent l'Asie des steppes, les rivages cosmopolites d'Anatolie, les tribus sémites, les blonds du Caucase et les Seljuks conquérants...
Ce qui me frappe soudain, c'est l'absence de barbe. Les gens sont rasés, ils ont les joues roses et les yeux en amande comme les Ouzbeks. Et ici, personne ne me parle en turc : on me prend pour un Arabe. Dommage, j'aurais bien aimé être turc.
On n'en finit pas d'être fasciné par Sainte-Sophie. Quels architectes illuminés ont pu accoucher de cette masse à la fois étalée, sans aucun envolée, mais légère, mais gracieuse... Elle est dans un dialogue nocturne fascinant avec la mosquée Bleue de l'autre côté de la place. Je tombe sous le charme.
L'hôtel où je retrouve JY est juste sur le côté de Saint-Sophie. Le quartier est fermé aux voitures, on n'entend que la sonnerie des trams qui remontent la rue depuis le pont Galata. On va prendre un verre sur une des nombreuses terrasses de la ville, au café Pierre Loti - un amoureux de la Sublime Porte. On mange dans le restaurant de l'hôtel réputé pour sa cuisine de cour ottomane. Je me régale d'un kebab d'oie en feuilleté au riz pilaf doux. J'ai quatre jours pour découvrir cet autre monde.
A l'aéroport, au guichet d'informations, la jeune femme avant moi demandait à l'employé comment se rendre au centre-ville. "Ma pauvre dame, Istanbul est grande comme la Belgique, alors de quel centre parlez-vous? Vous pouvez bien imaginer qu'il y en a plus d'un!". Dans cette mégépole de 12 millions d'habitants, je respire enfin.
Au-dessus du marché au poisson sur les bord de la mer de Marmara, les mouettes par centaines fond du surplace en piaillant - gare au marchand qui quitterait son stand. Il pleut doucement sur la ville, ses isbas de bois acidulées, ses immeubles art déco, ses ruines et ses palais. C'est la nuit déjà, il fait froid, les collines autour de la ville sont couvertes de neige.
Ici les gens sont différents. Différents de la Grèce voisine, mais aussi différents entre eux, divers. Je respire. J'habite depuis si longtemps en Corée, et passe si peu de temps hors d'Asie, que j'ai du mal à m'habituer à Rhodes, à cette espèce "d'unité ethnique" méditerranéenne... A Paris, je n'ai pas de problème - avec la diversité bigarrée des gens, je ne remarque rien. Istanbul est comme la France, c'est un carrefour, on sent l'Asie des steppes, les rivages cosmopolites d'Anatolie, les tribus sémites, les blonds du Caucase et les Seljuks conquérants...
Ce qui me frappe soudain, c'est l'absence de barbe. Les gens sont rasés, ils ont les joues roses et les yeux en amande comme les Ouzbeks. Et ici, personne ne me parle en turc : on me prend pour un Arabe. Dommage, j'aurais bien aimé être turc.
On n'en finit pas d'être fasciné par Sainte-Sophie. Quels architectes illuminés ont pu accoucher de cette masse à la fois étalée, sans aucun envolée, mais légère, mais gracieuse... Elle est dans un dialogue nocturne fascinant avec la mosquée Bleue de l'autre côté de la place. Je tombe sous le charme.
L'hôtel où je retrouve JY est juste sur le côté de Saint-Sophie. Le quartier est fermé aux voitures, on n'entend que la sonnerie des trams qui remontent la rue depuis le pont Galata. On va prendre un verre sur une des nombreuses terrasses de la ville, au café Pierre Loti - un amoureux de la Sublime Porte. On mange dans le restaurant de l'hôtel réputé pour sa cuisine de cour ottomane. Je me régale d'un kebab d'oie en feuilleté au riz pilaf doux. J'ai quatre jours pour découvrir cet autre monde.
A l'aéroport, au guichet d'informations, la jeune femme avant moi demandait à l'employé comment se rendre au centre-ville. "Ma pauvre dame, Istanbul est grande comme la Belgique, alors de quel centre parlez-vous? Vous pouvez bien imaginer qu'il y en a plus d'un!". Dans cette mégépole de 12 millions d'habitants, je respire enfin.