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MESMOTSMESMONDES

Rhodes. Quatorzième jour.

1/17/2012

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Pluie et vent. A nouveau. Ce foutu climat bipolaire...
J'ai travaillé toute la journée sans sortir, comme un petit soldat.
Nulla dies sine linea. Je pense au vieil impératif. Dans le passé, je me reprochais souvent de ne pas l'appliquer assez. Et puis ici, à reprendre mon curriculum, à voir toutes les foutaises que j'ai écrites, et tout ce que je n'y ai pas mis, ce qui n'est pas publié ni publiable... A l'ère des textos, des emails, des Facebook, des Twitter, en fait, même le plus illettré ne passe pas un jour sans écrire une dizaine de lignes au moins...
Je suis sorti pour porter mon linge à laver au Lavomatic. Très bien fait, puisqu'une charmante dame se charge de le laver, sécher, plier, pour 6 euros. Elle rentre dans mon top 10 des Grecs aimables.
Je vais pendant ce temps écrire au café Pueblo, en prenant une bière. Enfin, plusieurs. L'endroit est joli, dans une vieille demeure rénovée, très branché, un peu aseptisé peut-être. A 20h, il est plein, ce qui est fascinant pour un lundi soir de pluie... Quelque chose me frappe, puis me dérange, sous l'odeur de fumée de cigarettes. Il flotte un fort parfum de lessive, ces adoucissants bon marché qui non seulement adoucissent, mais surtout impriment aux vêtements une odeur estampillée "propre". Avec ça sur le dos, vous pouvez ne pas prendre de douche, avoir le cul gras et l'entrejambe douteuse, vous sentez propre à la ronde. Cela me rappelle les Américains qui eux aussi raffolent de ces odeurs de lessive ostentatoires. On reproche aux Français leur usage hypocrite du parfum. Moi je dis : trop propre pour être honnête, et je me méfie de ces étalages de "fraîcheur". En France, je me demandais parfois si ce n'était pas une question de classe, les classes "laborieuses" sentant plus l'adoucissant que les bourgeois et les bobos, plus douteux sur l'hygiène - car un peu de crasse est classe, et l'odeur corporelle a été revalorisée depuis 50 ans - c'est désormais un privilège de classe d'oser sentir mauvais. Puer la sueur, la promiscuité, la misère n'appartient plus exclusivement aux pauvres, qui ont au moins une machine à laver. En France, le peuple sent bon. Enfin... Meilleur qu'autrefois, bien sûr ce que je dis est très relatif... Et bien sûr, n'a aucune valeur. J'espérais tenir une idée, peut-être une théorie, mais je me rends compte à l'usage que ça ne vaut rien. J'abandonne là. Après tout l'odeur de la lessive des Grecs tient peut-être aux produits proposés par Unilever, qui semble avoir le monopole ici, ou à leurs modes d'emploi concernant les quantités à utiliser qui sont mal traduits...?
Je vais dans un restaurant qui s'affiche, chose rare, comme une "taverne à poissons". J'ai désespérément envie d'un poisson grillé. Je suis le seul client. Le patron obèse ne me dit rien qui vaille, mais trop tard, il vient en personne s'occuper de moi. Une soupe, qu'il me recommande chaudement - le plus mauvais brouet à base de fécule, de bas morceaux de chair de poisson et de rares légumes. Une piteuse daurade, minuscule, qu'il vient me découper à la table sur plateau comme si nous étions au Meurice - elle baigne dans le citron et l'huile d'olive amère. Garnitures : les plus mauvais légumes de ma vie (chou-fleur bouilli, herbes style amarante, bouillies, courgettes bouillies - le tout SANS aucun goût - hallucinant). Des pommes de terre frites maison, qui rattrapent le tout, avec un riz pilaf moins catastrophique que le reste. Le tout accompagné d'un quart de piquette de blanc local... 30 euros pour cette horreur. Je me souviens quand la Grèce était un pays abordable. Quel intérêt présente-t-elle maintenant que l'adoption de l'euro et le succès touristique l'a projeté dans une inflation folle la mettant sur le même pied que les autres pays d'Europe? Pas assez classe et trop bondée pour les gens qui en ont les moyens, trop chère pour ceux qui ne les ont pas... A ces prix-là, je comprends que les gens partent en masse vers le sud-est asiatique, aussi glauque mais moins cher, et où, au moins en général, on mange mieux... Le tourisme de masse a réalisé ce paradoxe qu'il faut être millionnaire pour voyager bien, alors qu'il n'a jamais été si simple ni si commun de voyager. La démocratisation a aplani le monde, transformé une partie de ce dernier en aire de jeux pour une autre, et confirmé l'élitisme du voyage, celui des livres de voyageurs, celui des Segalen, Kerouac et Bouvier.
Encore une fois, mon pessimisme par rapport à notre monde et à la Grèce en particulier (ce que j'en vois, c'est à dire rien, je le confirme une nouvelle fois...) vient d'un mauvais repas. N'est-ce pas un paradoxe que j'en sois rendu à ces extrémités alors que je suis venu écrire un livre sur la gastronomie?
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