La prochaine séance du séminaire "Partitions territoriales : imaginaires et représentations" se déroulera vendredi 8 mars, de 14h à 17h, salle A7-37 (EHESS, 54 bd Raspail, Paris 6e).
Nous aurons le plaisir d'accueillir trois intervenantes:
- Lucia Direnberger (CNRS/CMH) : « Femmes centrasiatiques armées pendant la Grande guerre patriotique. Une étude de cas pour penser les marges de l’URSS ».
Cette présentation propose d’analyser les représentations des femmes armées dans la presse et dans les recherches académiques soviétiques et post-soviétiques au Tadjikistan. Les femmes armées sont une figure majeure dans la construction nationale et participe à la production de normes de genre dans l’ordre politique, social et économique comme le montre une analyse des magazines Zanoni Sovieti Tojikiston [Les femmes soviétiques du Tadjikistan] et de Zanoni Tojikiston [Les femmes soviétiques] à destination des femmes et de la recherche scientifique publiée sur les femmes pendant la période soviétique et post-soviétique. Dans le même temps, cette figure de la femme armée opère la marginalisation des femmes armées du Tadjikistan dans le récit de la Grande Guerre Patriotique dans un contexte politique de production des marges centrasiatiques et d’un centre russe. Il s’agira aussi de mettre au jour les reformulations de la figure de la femme armée après la chute de l’Urss et la fin de la guerre civile (1992-1996) au sein du projet politique d'authenticité nationale élaborée et mis en oeuvre par le régime au pouvoir depuis 1992.
- Ilaria Simonetti (EHESS, Paris) : « À l’image de la Nation ». Surexposition médiatique et politisation de l’image de la soldate israélienne.
- Annick Asso (Centre Georg Simmel/Rirra21): "L'arménité sur la scène contemporaine". Intervention initialement prévue le 08/02
L’acteur français Pascal Tokatlian, conçoit, en 2006, le spectacle Ermen, titre provisoire, repris en 2013, comme une tentative pour répondre à cette question qui a surgi sur le plateau du théâtre de l’Aquarium lors de la création.
Terre lointaine, amputée d’une large part de son territoire, l’Arménie, reconstruite à partir de souvenirs familiaux, apparaît de manière fragmentaire pour le descendant de rescapés, à moitié arménien d’origine, à cheval entre deux rives et deux cultures.
Les Arméniens qui ont échappé aux massacres et ont pu se réfugier en Europe étaient tous des apatrides « sans retour possible » selon les termes du passeport Nansen qui leur était attribué. L’Arménie est devenue alors la patrie perdue, pour ces familles d’immigrés qui ont constitué la diaspora. Voire même un territoire nié dans son existence historique même, l’«apatrie », pour reprendre le titre du récit autobiographique de l’écrivain Jean Kehayan.
A travers l’analyse plusieurs créations contemporaines, en Arménie et en diaspora, ce séminaire propose de visiter les territoires de l’arménité constituée, après le génocide de 1915, des restes d’une civilisation millénaire, de souvenirs et de vestiges épars, de douleurs transportées. Nous examinerons comment la scène contemporaine ouvre un espace de représentation qui permet de recomposer l’histoire d’un peuple disséminé à travers des histoires personnelles tirées de témoignages qui basculent dans la fiction.
Nous nous réjouissons par avance de vous y retrouver.
Anne Castaing, Benjamin Joinau, Delphine Robic-Diaz